Stéphane Anquetil – Auteur
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Bilan 2020

Bilan 2020

Une année en demi-teinte, comme beaucoup. Une grosse déception, les nouveaux CrimeZoom n’ont pu sortir à temps pour Noël. Ils sont dans l’entrepôt du distributeur à Rouen. Bosser toute l’année sur 4 crime zoom, en fabriquer 3, et ne pas avoir la satisfaction finale, de la sortie. Et le plus important, les retours, les critiques, même négatives, pour savoir où on en est. On a ré-écrit complétement les règles, amélioré et clarifié le scoring, poussé ce que vous aviez aimé (les scènes illustrées, et pas que de crimes, l’épilogue)… Voir l’effet de tout ça attendra l’année prochaine.

Le début de l’année avait démarré fort avec l'invitation à l'Académie du Polar/Police de Nîmes riche en rencontres. Un FIJ/Cannes excellent avec Alexis mon éditeur. Puis les retours critiques du premier CZ, malgré une sortie une semaine avant le premier confinement ! Ensuite, j’ai pu travailler en totale liberté et confiance avec des illustrateurs/t trices talentueux, sur des thèmes d’enquête variés et même osés. J’ai frôlé le burn-out en bossant sur 3 scénarios à la fois, tout en gérant les illustrations, mais le premier confinement a été curieusement bénéfique, puis des vacances d’été un peu isolées en gîte.
Cela m’a rappelé à quel point j’aime le silence et la campagne, même si d’un point de vue pratique, c’est pas l’idéal non plus.

J’ai testé une nouvelle méthode de travail un peu dingue, en me passant de prototype et en allant direct à la collaboration avec l’illustrateur pour un résultat créatif stressant mais plus fort. Merci à Julien, Lucie « Dess »et Gregory « Kryssallian » d’avoir accepté le challenge.

2020, c’est aussi ma première année avec des revenus de droits d’auteurs dépassant largement les seuils de cotisation, et en conséquence, le début de tout l’administratif qui va avec: adhésion Agessa, cotisations Ursaff, retraite. Curieusement, dans un contexte de transition chaotique pour bien des auteurs, tout s’est très bien passé pour moi. Une chance pour quelqu’un qui déteste l’administratif. J’ai appris au passage qu’on était pas si nombreux à en vivre.

J’ai aussi essayé de nouvelles collaborations. Une qui n’a rien donné, et une autre qui porte déjà ses fruits. Pourquoi ça marche, pourquoi ça marche pas. Cela reste (trop) mystérieux pour moi.

J’ai préparé des choses excitantes pour 2021, je signe chez Hachette Heroes, une nouvelle maison d’édition/client pour moi. Et j’ai proposé des collections de livre-jeux excitantes à 404. Merci à eux pour leur écoute et leur réactivité, c’est toujours un plaisir de travailler avec eux : Ludivine, Pauline, Jeanne, et maintenant Joséphine.

404 et les énigmes « escape game »que j’avais laissé un peu entre parenthèse, avec juste une box alimentaire de temps en temps.
Leur département cession n’a pas chômé et j’ai reçu (ou pas, n’est-ce pas Mrs les russes ?) des versions étrangères de mes livres, à un point où je vais devoir y consacrer une étagère de bibliothèque (toujours pas la place, on est nul en aménagement). Et surtout en Août, juste à temps pour Orléans Joue qui aura été une bouffée d’air (humide l’air!) dans tous les festivals annulés par la covid-19, la sortie de mon Vivez l’Aventure Excalibur. Une collection de livre dont vous êtes le héro/énigme/ BD jeunesse qui séduit à la fois les parents et les enfants. J’en finis un autre en ce moment. Merci encore à Clélie pour l’organisation !

Chronicles of Crime / Noir continue sa petite carrière, avec ce prix polonais de la meilleure extension et des notes et traductions qui continuent de tomber sur BGG. C’est amusant aussi de suivre de loin la suite de cette grande aventure commencée modestement avec David et LuckyDuck à une époque où nous étions tous des « grands débutants ».

Puisqu’on parle de mes débuts, j’ai aussi – enfin ! – pris le temps de me replonger et d’avancer un peu dans la mise à disposition en PDF de mes inédits de Sherlock Holmes Détective Conseil ! Certains me les réclament depuis des années. Déjà, il a fallu me battre avec le sentiment mitigé que m’inspirent ces premiers travaux. Entre mon style alambiqué de l’époque, et un niveau d’enquête très long et plein de références victorienne/holmésiennes, je suis pas sûr que ce soit encore pertinent. D’un autre côté, les scénarios sont bons, c’est un travail de dingue passionné, dont je suis plutôt fier. Libérer cela de mon esprit et de mon disque dur me fera le plus grand bien. Je remercie Marc-Antoine Doyon et Jérôme Soleil qui ont passé de leur temps et talent sur les illustrations et la mise en page pendant que je traîne des pieds. Promis, en 2021, je finis de relire ça et je lâche le tout !

2020 c’est aussi un 2ème confinement catastrophique, qui arrive pile alors que j’avais fini mon travail, que je m’étais promis de sortir plus, voir mes amis, que j’avais trouvé une activité maritime d’extérieure (la navigation en Yole !), et que je devais dédicacer en festival. Gros Bof.

Pour le reste, tout va plutôt bien, même si l’équilibre social/solitude du travail d’auteur reste un exercice délicat. Plus que les jeux, ce qui m’inspire vraiment reste les gens, leur vie, la réalité. Et les séries TV, qui sont dans ma partie (le narratif), ce qui ce fait de mieux. 2020 c’est une année où j’ai continué de décortiquer des séries et d’acheter des livres d'analyse pointues dessus. Je pense que j’arriverai bientôt à en tirer quelque chose d’exploitable en jeu. Le délaissé Rapid Falls, ou autre chose ?

Je suis moins satisfait de ma communication sur les réseaux sociaux. Si j’apprécie grandement les rencontres qu’on y fait, y compris avec des gens passionnés par complètement autre chose que soi, et les suggestions de livres, films, jeux etc qu’on y pique au hasard, je trouve ma comm’ d’auteur un peu creuse. Je ne suis pas assez narcissique ou confiant pour me montrer. Je n’ai pas cette bienveillance naturelle d’autres auteurs. Pour moi, l’écriture de polar-jeux reste une façon de gérer, voire sublimer ma noirceur, mon pessimisme et une certaine forme d’aigreur. L’époque a un côté anxiogène qu’il a fallu gérer, particulièrement cette année, où le festif a été beaucoup effacé. Je passe aussi 49 ans, je me vois bien vieillir, même si mes filles adorées sont là pour tenir au courant de ce qui se passe pour la jeunesse !

Du coup, 2021 s’annonce encore avec ce mélange curieux de commandes et de projets plus personnels. Un mix qui me va parfaitement. Les premiers CrimeZoom vont sortir dans plus d’une douzaine de pays, et le fait d’en avoir plusieurs va démarrer les versions anglaises (USA nous voilà, merci Lucky Duck !) et la grande distribution (Merci Abbyss!).

En tout cas, merci à tous ceux qui m’accompagnent dans cette aventure, éditrices, éditeur, amis, illustrateurs-trices, distributeurs et vous aussi bien sûr !